Origine du nom du Belvédère
Le Belvédère est appelé ainsi en l’honneur d’un grand chef huron-wendat, Kondiaronk, qui a négocié le traité de la Grande Paix en 1701.
Naissance | entre 1625 et 1649 |
Décès | 2 août 1701 |
Nom entier | Gaspar Soiaga, Souoias, Sastaretsi |
Surnom | le Rat (de son emblème totémique, le rat musqué) |
Tribu et rang | chef des Hurons-Wendats de Michillimakinac |
Naît dans une Huronie en déclin, il est reconnu tant pour ses talents d’orateur que ceux d’habile stratège militaire et politique.
La dispersion des nations huronnes mène les Tionontatés ou Gens des Collines (nommés par les Français les « Gens de Pétuns« ), nation de Kondiaronk, à s’installer à Michillimakinac, territoire situé entre les lacs Huron et Michigan et habités par plusieurs tribus algonquines.
La population de la Huronie estimée à 30 000 personnes vers 1600 fond dramatiquement lorsqu’on en dénombre que 500 vers 1678 à Michillimakinac.
Malgré tout, les Hurons demeurent une figure emblématique aux yeux de plusieurs nations.
Cette position de force des Hurons sera avantageuse pour Kondiaronk dans ses relations diplomatiques avec les Français.
Toutefois, la cohabitation hurons-algonquins n’est pas aisée en raison des linguistiques et culturelles.
Mais un péril commun favorise la bonne entente : la crainte d’être anéanties par les Iroquois.
Pour Kondiaronk, l’alliance avec les Français est essentielle.
Il discourt au nom des Hurons en présence de Louis de Buade de Frontenac (1622-98), gouverneur de la Nouvelle-France, où il se fait remarquer pour la première fois par les dirigeants français à la conférence de Montréal en 1682 lors de pourparlers entourant l’assassinat d’un chef tsonnontouan par un Illinois :
« Saretsi [Kondiaronk] ton fils, Onontio (gouverneur français), se disoit autrefois ton frere, mais il a cessé de l’estre, car il est maintenant ton fils, et tu l’as engendré par la protection qui tu luy a donnée contre ses ennemis …« .
Fin stratège, Le Rat sait qu’une paix entre les Français et les Iroquois laisserait ces derniers libres de s’attaquer à lui et aux tribus de l’Ouest.
Il devient donc impératif pour lui et son peuple d’entretenir cette rivalité.
Il n’hésite donc pas à soutenir diverses intrigues guerrières pendant près de 10 ans et réussit à briser l’isolement de son peuple et en assurer, par le fait même, la survie.
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, il intervient diplomatiquement et militairement dans les relations entre Français, leurs alliés autochtones et les Iroquois toujours dans le but de défendre les intérêts de sa nation.
Appuyant le projet de Frontenac puis du gouverneur Louis-Hector de Callières (1646-1703) visant une paix générale avec les nations iroquoises, il participe aux diverses rencontres diplomatiques, notamment à l’entente préliminaire de 1700, et persuade les tribus amérindiennes alliées d’envoyer des délégués à la conférence de 1701.
Le 21 juillet 1701 s’ouvre à Montréal la conférence qui mènera à la Grande Paix.
Les représentants français et quelques 1 300 Amérindiens de 39 nations se rassemblent sur le site de la pointe à Callière à Montréal pour discuter des termes de l’entente qui va mettre fin à la troisième guerre iroquoise débutée en 1684.
Le 1er août, les discussions s’animent entre les conférenciers.
Kondiaronk, grandement affaiblit par la maladie, prend la parole.
À la suite d’un long discours écouté avec admiration par tous, il est conduit à l’hôpital où il décède la nuit suivante.
Ses funérailles, le 3 août, donnent lieu à une grande cérémonie où tous lui rendent hommage.
L’historien français, Claude-Charles Le Roy de La Potherie (1663-1736), dans son Histoire de l’Amérique septentrional, louange le grand homme :
« Je ne saurais vous exprimer, Monsieur, l’accablement où était la Nation de la perte d’un homme si rempli de bonnes qualités.
Il était difficile d’avoir plus de pénétration d’esprit qu’il en avait, et s’il fut né Français il était d’un caractère à gouverner les affaires les plus épineuses d’un état florissant.
Il avait les sentiments d’une belle âme, et n’était Sauvage que de nom ».
Les Français témoigneront aux Hurons et à leurs alliés le regret qu’ils ont de la disparition d’un personnage d’une telle importance.
Pierre de Saint-Ours prend la tête d’une escorte de 60 hommes suivie de 16 guerriers hurons, en rangs de 4, vêtus de peaux de castor, le visage noirci en signe de deuil, fusils pointés vers le sol ; puis vient le clergé.
Six grands chefs guerriers portent le cercueil couvert de fleurs et sur lequel sont déposés un chapeau à panache, une épée et un gorgerin.
Derrière la dépouille marchent le frère et les fils du chef défunt et de longues files de guerriers hurons et outaouais.
Madame de Champigny, qu’accompagne Philippe de Rigaud de Vaudreuil, gouverneur de Montréal, et les officiers d’état-major ferment la marche.
Après le service de rite catholique (Le Rat est un converti des Jésuites), les soldats et les guerriers tirent 2 volées de mousquet, une pour chacune des civilisations représentées à la cérémonie.
Puis les hommes, chacun à leur tour, tirent un troisième coup de mousquet.
Kondiaronk est inhumé dans l’église Notre-Dame de Montréal.
Sa tombe porte l’épitaphe suivante : « cy git le Rat, Chef des Hurons« .
Le traité de la Grande Paix de Montréal est finalement signé le 4 août.
La Grande Paix de 1701 permet à la France un demi-siècle de domination sur presque l’ensemble de l’Amérique du Nord.
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