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Musée des Augustins – Toulouse

Quelques œuvres du musée des Augustins

XIIe siècle : Art roman

Titre : L’ARRESTATION
Auteur : anonyme

Période : XIIe siècle – Moyen-Âge

Ce chapiteau en pierre de colonnes triples est le plus complexe, le plus brillant et le plus représentatif des innovations du cycle de la Passion avec ses 4 scènes comprenant :

  • l’Arrestation
  • la Flagellation
  • la Comparution devant Pilate
  • le Portement de croix, et son foisonnement de personnages

En effet, les artistes du second atelier ont expérimenté de nouveaux procédés narratifs et ont rejeté la segmentation face par face qu’utilisait le premier atelier.

La lecture se fait maintenant de manière continue et non plus frontale.
Les scènes nombreuses et ramassées envahissent toute la corbeille et donnent l’impression d’une accélération de l’action narrative.
Le traitement des corps et des drapés se fait plus réaliste.
Les figures s’affinent.
Les gestes, expansifs, ajoutent à la dramatisation des scènes et apportent aux compositions dynamisme, sens de la théâtralité et au final humanité aux personnages.

Titre : LE SIGNE DU LION ET LE SIGNE DU BÉLIER
Auteur : anonyme

Période : Moyen-Âge – Art Roman – XIIe siècle

Vraisemblablement, le bas-relief en marbre se trouvait probablement sur un pilier du transept sud à la Porte des Comtes de la Basilique Saint-Sernin lorsqu’il fut découvert.
Pourtant, ce n’était pas sa place originelle.

Des témoignages anciens attestent qu’il était en remploi à cet endroit depuis au moins le XVIe siècle et qu’il a pu faire partie du décor du portail de la façade occidentale de la basilique.

Le bas-relief représente 2 femmes tenant dans les bras respectivement un lion et un bélier.

L’inscription, énigmatique, signifiant : « Signe du lion. Signe du bélier. Ceci fut fait au temps de Jules César » renforce l’idée qu’il s’agit de signes du zodiaque.

Et ces qualités stylistiques, en particulier la puissance plastique proche de la ronde-bosse, rattachent en outre ce bas-relief au portail des Orfèvres de Saint-Jacques-de-Compostelle.

XIII-XVe siècles : Art gothique

Titre : VIERGE À L’ENFANT, NOSTRE DAME DE GRASSE
Auteur : anonyme

Période : XII-XVe siècles – Moyen-Âge

Cette sculpture de pierre est emblématique du musée des Augustins et de la ville de Toulouse et a toujours été l’objet d’un attachement très particulier de la part du public.

La célèbre Vierge à l’Enfant assise tient son nom de l’inscription en langue d’oïl (langue du Nord de la France) qui court sur sa base : Nostre Dame de Grasse qui reprend l’iconographie traditionnelle de la Vierge à l’Enfant : la mère est représentée très jeune, telle qu’elle est décrite dans les évangiles, et dans une attitude dynamique, ni figée, ni frontale, regardant dans une direction opposée à celle de l’Enfant.

Cette attitude surprenante de la Vierge et de l’Enfant, qui ne se regardent pas, suggère la présence d’autres personnages de chaque côté du groupe, aujourd’hui perdus.

Plusieurs interprétations ont été proposées pour expliquer cette divergence des regards.
Peut-être la Vierge détourne-t-elle son regard car elle pressent le destin de son Fils.
Aussi, il se peut que l’œuvre ait appartenu à un groupe de figures plus nombreuses, situées de part et d’autre, une Adoration des Mages ou un couple de donateurs par exemple.

XVIe siècle – Renaissance

Titre : ST JEAN L’ÉVANGÉLISTE ET ST AUGUSTIN
Auteur : Pietro Vannucci dit le Pérugin (1445-1523)

Période : XVIe siècle – Temps modernes

Deux personnages, très monumentaux, se détachent sur un fond de doux paysage ombrien.
Le premier est un jeune homme imberbe qui tient un livre ouvert.
Il est tantôt considéré comme Saint Jean l’Évangéliste, tantôt comme Saint Philippe.

De l’autre, un personnage est sans conteste Saint Augustin, évêque de Carthage, Père de l’Église et patron du couvent de Pérouse.

Les 2 saints forment un groupe d’une extrême élégance : douceur des visages, grâce des attitudes, harmonie des drapés des manteaux dont les courbes se répondent.

Ce fragment de peinture à l’huile est le témoin d’une histoire trop bien connue, celle du vandalisme européen.
Avant même la réquisition de 6 panneaux par les troupes françaises, le retable de Pérugin pour Sant’Agostino de Pérouse vit ses faces séparées en 1654 et fut démembré en 1683, dans ce qui fut l’une des multiples vissicitudes de ce monument complexe.
Pérugin avait passé contrat avec le chapitre des Augustins en 1502.
Mais la réalisation en fut retardée jusqu’en 1512 et l’entreprise devait rester inachevée à la mort de l’artiste en 1523.
C’est ce qui explique les différences de qualité à l’intérieur du retable, certaines parties étant l’œuvre d’assistants.
La plupart des observateurs considèrent le fragment du musée des Augustins comme l’un des plus beaux.
Une reconstitution du retable établirait la place importante occupée par les quatre représentations de couples de deux saints réparties sur les 2 faces.
Seuls 2 médaillons sont aujourd’hui conservés in situ.
Les autres fragments sont dispersés entre Pérouse, le Louvre, l’Alabama, Lyon, Grenoble et Toulouse.

Cette mutilation primordiale ne fut malheureusement pas la dernière.
L’aspect des bords et le manque d’espace entre les figures semblent indiquer que le panneau de Toulouse a été retaillé à une date indéterminée, peut-être avant même d’arriver en France.
De plus, l’incertitude règne sur l’identification des saints.
L’identité de saint Augustin représenté en évêque est bien établie.
En revanche, le saint imberbe est considéré tantôt comme un saint Philippe, tantôt comme un saint Jean l’Evangéliste.
En dépit des mauvais traitements successifs, le panneau du musée des Augustins est bien plus qu’une belle relique.
La composition a été conçue de manière relativement autonome malgré son appartenance à un ensemble.
Les 2 saints témoignent d’une conception de la beauté idéale propre à Pérugin et que son élève Raphaël allait faire sienne.
Leurs expressions ne trahissent aucune inquiétude et ne participent d’aucune contingence matérielle.
La chaude lumière ombrienne baigne le paysage comme leurs visages caractérisés par la morbidezza, cette exquise douceur qu’exprimaient si bien les peintres du centre de l’Italie.
La qualité monumentale des figures et leur intégration dans le paysage devaient être encore plus remarquables avant l’ultime mutilation.

XVIIIe siècle – L’Art au Siècle des Lumières

Titre : PORTRAIT DE LA BARONNE DE CRUSSOL
Auteur : Élisabeth Louise Vigée-Lebrun (1755-1842)

Période : XVIIIe siècle – Temps modernes

Peintre attitré de la reine Marie-Antoinette, dont elle sait rendre l’éclat du teint, si vanté par ses contemporains, Elizabeth-Louise Vigée-Lebrun connaît un rapide succès, et est même admise à l’Académie en 1783.

Cependant, la Révolution brisa sa carrière en France.
Alors, elle émigra alors à Rome, grâce notamment au soutien de la famille de Crussol.
La baronne de Crussol est l’épouse d’Henri-Charles-Emmanuel de Crussol-Florensac, lieutenant général des armées du roi.

Par cette huile sur bois, on la voit à mi-corps, assise sur une causeuse recouverte de velours vert, de dos, son visage tourné de trois-quarts vers le spectateur, comme si elle venait d’être surprise dans son occupation favorite, le chant.
Elle tient une partition dans sa main droite, où, avec un souci très poussé du détail, l’auteur a reproduit le texte et les notes d’un opéra du compositeur allemand Christoph-Willibald Gluck (1714-87) : Écho et Narcisse, joué à Paris en 1797.

Les références à la reine sont nombreuses dans cette toile : le fichu « à la Marie-Antoinette« , qui éclaire le visage de la baronne, et le fait que Gluck était le musicien préféré de la reine, n’en sont que quelques exemples.
La facture du vêtement, en soie rouge bordée de fourrure noire, de la dentelle de la manche et du fichu blanc, témoigne d’une parfaite maîtrise des jeux d’ombre et de lumière, qui font ressortir toute la richesse de la toilette remarquablement rendue, dont le casaquin de soie, d’un rouge éclatant, une jupe assortie, des garnitures de fourrure noire et des manchettes de dentelle.
De plus, le choix des coloris, rouge de la toilette, vert du siège, gris vert pâle du fond montre que le peintre avait le sens des complémentaires.
Le visage de cette aristocrate est charmant, les yeux clairs, le nez mutin.
Mais, l’expression est un peu fade.

XIXe siècle : Entre classicisme et modernité

Titre : TU MARCELLUS ERIS
Auteur : Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867)

Période : XIXe siècle – Époque contemporaine

Si Ingres est aujourd’hui avant tout apprécié pour ses portraits et ses nus, au XIXe siècle il était également reconnu comme l’un des chefs de file de la peinture d’histoire.

Ce tableau de jeunesse, inspiré par l’histoire antique, le montre encore soumis à l’influence du néoclassicisme davidien.
En effet, dans cette composition en frise, Virgile, à gauche, tenant et lisant le sixième livre de l’Enéide déroulé, fait face à l’empereur Auguste et à sa sœur Octavie, et relate la rencontre d’Enée avec le jeune Marcellus dans les Enfers.

La princesse vient de s’évanouir à l’annonce des mots « Tu Marcellus eris » évoquant son fils mort assassiné.
Livie se tient à ses côtés, probable commanditaire du crime.