Champlain explore le site de Montréal en 1603 – Marc-Aurèle Fortin
Cette huile sur toile représente le premier voyage de Samuel de Champlain à Hochelaga, en 1603.
Occupant le centre de la composition, l’explorateur fait face, coiffé d’un large chapeau surmonté d’une plume, chaussé de longues bottes, il porte le bouc et la moustache qui lui sont caractéristiques.
À sa gauche, Fortin a placé 5 personnages : un moine franciscain, deux gentilshommes, un guide et un personnage non identifié, à peine esquissé.
De part et d’autre du tableau 2 grands ormes ferment la composition.
La scène a lieu dans un cadre automnal.
À l’avant-plan, il est possible d’apercevoir la proue d’un canot et la rive d’un cours d’eau.
À l’arrière-plan au fond d’une clairière, il y a une forêt d’où émerge la silhouette du mont Royal.
Le ciel est couvert de cumulus blancs et gris.
Le paysage se ramène à des vagues au premier plan avec le détail d’un canot servant de repoussoir.
Les formes de 2 grands arbres, des ormes, ferment la composition sur la gauche et la droite.
À l’arrière-plan : un paysage d’automne (Champlain aurait visité Montréal à la fin juin) et le profil du mont Royal.
D’immenses cumulus, qui sont familiers du travail du peintre, remplissent le ciel.
Le moment historique du premier voyage de Champlain à Montréal est mal documenté et Fortin imagine un paysage où il dispose 5 personnages disproportionnés par rapport à l’espace du tableau et à l’espace physique dans lequel ils sont placés.
Champlain, au centre faisant face au spectateur, est accompagné par un franciscain qui tourne le dos et contemple le paysage.
Trois autres personnes : un guide qui porte un costume associé au coureur des bois et deux personnes vêtues à l’européenne forment le cortège.
Les figures sont dessinées de façon schématique et les visages sont déformés, sans effort pour se rapprocher des conventions du portrait historique.
Il s’agit sans aucun doute de la composition la plus personnelle et la moins orthodoxe de l’ensemble.
Fortin ignore les conventions de la peinture murale et de la peinture d’histoire et signe une œuvre colorée et séduisante qui répond avant tout à une logique picturale.
Les bleus, les verts et les blancs éclairent et animent la surface.
L’espace est abstrait et les référents naturels très stylisés.
Cette œuvre rappelle le premier passage de Samuel de Champlain à Hochelaga, une expédition à laquelle il participe à titre de simple observateur.
Comme l’événement est peu documenté Fortin a dû imaginer la scène.
Avec la facture picturale qui lui est propre, il a pris le parti de montrer les hommes semblant se dégourdir les jambes après un long voyage en canot.
L’absence d’interaction entre les personnages suggère un moment de détente partagé dans le silence, une occasion également d’admirer le paysage et de s’imprégner de la nature environnante.
Ce passage à Hochelaga a eu lieu à la fin juin ou au début juillet 1603.
Le paysage automnal du tableau ne concorde donc pas avec les données historiques
Ce tableau, première œuvre murale de Fortin, se démarque par une composition personnelle et séduisante.
On y retrouve la touche de l’artiste, notamment dans la représentation des arbres et du ciel, ainsi que sa passion pour les couleurs et la lumière.
Pour cette raison, cette œuvre est sans doute la plus originale de toute la collection réunie par Beaugrand-Champagne.
Fabienne
Merci pour toutes ces infos, voici une bonne lecture. J’ai appris différentes choses en vous lisant, merci à vous. Bonne journée à tout le monde ! Fabienne